L’expression « formats papiers » désigne les produits d’une pratique ininterrompue
de compilation, d’édition et de classement d’extraits de texte menée depuis 2016.
Basé sur l’usage du photocopieur de bureau, tous les « formats papiers » sont
des œuvres textuelles imprimées sur papier ordinaire, A4, noir et blanc, parfois rehaussé de Bic ou de feutre, glissés sous pochettes cristal.
Pratique de fond relevant d’une écologie de travail plus que d’un protocole préétabli, les « formats papiers » apparaissent dans leurs formes définitives à la suite
de nombreuses manipulations. Ils s’extraient d’une archive sans cesse augmentée
de « bouts » de texte (littéralement des boites à chaussures emplies de lanières
de textes imprimés). Issus de collectes ces textes sont transcrits manuellement
ou peuvent être directement photocopiés de la page d’un livre ou d’un carnet,
d’une notice ou d’un emballage de produit industriel. Ils sont ensuite dactylographiés à la machine à écrire ou sur ordinateur, dans un ficher unique sur traitement de texte. Périodiquement, ce fichier est imprimé, dans différents corps et dans différentes typographies, à l’aide de différents appareils. Les textes sont alors retravaillés comme des manuscrits : au stylo, rayés, oblitérés, caviardés, recouverts de Tip-ex, découpés pour les isoler, collés ou scotchés pour les réunir.
Loin d’acquérir ainsi leur forme définitive, certains extraits réintégreront le traitement de texte, d’autres la boîte à chaussure, sorte de guichet d’attente. Certains, collés
dans des carnets, des cahiers, des blocs factures autocopiants, construiront
des ensembles ; d’autres contrecollés sur format A4, rejoindront un classeur, et seront affiliés à un thème.
Dans ces mouvements de classement, de catégorisation et d’organisation sisyphéenne quelques feuillets s’échapperont ou se dédoubleront sur la glace d’une photocopieuse. Ils se glisseront sous pochette Cristal devenant ainsi des « formats papiers »,
à part entière, uniques et autonomes.



































